Les 10 pires attractions touristiques avec des animaux

Attractions touristiques avec des animaux: fuyez!!!

« Shamu », « shamu », shamu »… Ce nom résonne encore dans ma tête. C’était il y a des années, à Seaworld San Diego. Shamu c’est le nom de l’orque scandé par une foule en délire, venue, comme moi, participer à une de ces horribles représentations où les pauvres mammifères marins otages de leur microscopique bassin et dépendants de leur soigneurs, enchaînent les tours pour divertir le public. J’ai depuis fait mon méa culpa pour pour avoir pu à une époque participer à cette exploitation animale sans nom.

Une bataille vient d’être gagné, mais pas encore la guerre, puisque l’entreprise Seaworld vient  d’annoncer qu’elle renonçait à la reproduction des orques en captivité.

Si aujourd’hui l’image de Seaworld ou encore du Marineland d’Antibes est de plus en plus écornée, grâce à une prise de conscience de plus en plus grande que l’on doit notamment aux réseaux sociaux qui diffusent en masse les conditions animales insoutenables dans ces parcs aquatiques, ces attractions touristiques et populaires ne sont hélas pas les seules qu’il faut aujourd’hui condamner avec fermeté. A l’étranger, les touristes sont souvent tentés par les interactions avec les animaux qu’ils n’ont pas l’habitude de côtoyer habituellement, tels que les balades à dos d’éléphant ou nager avec les dauphins. Mais derrière ces activités « insolites » au plus près des animaux, qui sont souvent de véritables business, se cache une réalité bien peu reluisante, qu’il faut à tout prix éviter de cautionner même (et surtout) par amour pour les animaux. Il en va de la responsabilité des voyageurs que nous sommes.

« Notre but est de leur ouvrir les yeux. Nous avons fait des sondages auprès des visiteurs pour connaître leurs motivations : la plupart d’entre eux viennent par amour des animaux »

Animal World Protection

Pour écrire cet article me suis basée sur mon expérience personnelle et sur une étude très sérieuse, menées par l’ONG World Animal Protection, en lien avec l’unité de recherche sur la préservation de la vie sauvage de l’Université d’Oxford (WildCRU), qui s’est penchée sur 24 attractions touristiques avec des animaux et leur impact sur le bien-être et la préservation des espèces.

Voici ce qu’il faut en retenir (pour lire l’étude complète en anglais c’est par ICI)…

Attractions touristiques avec des animaux : l'Asie mauvaise élève

1- Nager avec les dauphins

Voilà une des attractions les plus populaires que l’on trouve beaucoup du côté de la mer Caraïbe et dans le golfe du Mexique. Le Mexique, justement, a généralisé cette activité. Lors de mon séjour sur la Riviera Maya, dans le Yucatan, j’ai été horrifiée par le nombre de structures qui proposaient des spectacles avec des dauphins, mais aussi et surtout, de nager avec eux. Une véritable industrie touristique de l’exploitation animale. Il faut savoir que les pauvres dauphins sont capturé en mer et séparés de leur groupe pour alimenter ce business, certains n’arrivent même pas vivants dans les parcs aquatiques. Et s’ils y arrivent vivant c’est pour y passer le restant de leurs jours en captivité dans des minuscules bassins en béton, à subir le stress quotidien des centaines de touristes qui veulent les approcher. Leur sonar, qui leur sert à se repérer et à chasser dans leur milieu naturel, se répercute à l’infini contre les murs de leur prison en béton. Des conditions de détention qui vont finir par les rendre fous ou dépressifs.

Alors ne vous fiez pas à ce sourire qu’ils semblent toujours afficher, ces animaux sont dans une immense souffrance. Je vous invite à regarder le documentaire édifiant « The Cove » , primé à de nombreuses reprises, et qui lève le voile sur les captures barbares des dauphins au Japon. Les plus beaux spécimens sont envoyés dans les parcs à travers le monde (et notamment au Mexique) et les autres tués pour leur chair. Pensez-y avant de succomber à la tentation de nager avec les dauphins…

2- Se Balader à dos d’éléphants

Il faut, cette fois, partir du côté de l’Asie. Dans de nombreux pays  les fameuses balades à dos d’éléphants, sont une attraction incontournable, particulièrement plébiscitée par les touristes. Là encore, on a souvent envie de faire plaisir aux enfants ou de se faire plaisir, car c’est une occasion unique de pouvoir approcher d’aussi près ce magnifique pachyderme. Mais à quel prix? Savez vous quelle réalité se cache derrière cette attraction? Une torture sans nom pour l’éléphant, prisonnier de son kormac et bourreau, obligé de rester enchainé en attendant les prochains « clients », maltraité en coulisse, quand il n’a pas bien fait son « job ».

Pour arriver à dresser un animal pour ce type d’activité, il faut le prendre éléphanteau et lui infliger le rituel du « phajaan », qui consiste à briser psychologiquement l’éléphant et à l’épuiser jusqu’à ce qu’il obéisse aux ordres de son maître. Battu, privé d’eau et de nourriture, l’éléphant va vivre un calvaire et cela ne cessera pas à l’âge adulte. Alors surtout, ne pensez pas soutenir l’économie locale (comme j’ai pu l’entendre en Thaïlande) en participant à cette torture… Fuyez! Car si l’activité n’est plus rentable, peut-être cessera-t-elle un jour.

J’ai été témoin (sans y participer évidemment) de cette attraction au Sri Lanka, où des rabatteurs situés à proximité de l’orphelinat des éléphants de Pinnawala ( à fuir aussi : voir mon article qui aborde ce sujet) vous proposent de  nager avec eux, de les laver et de monter sur leur dos pour se faire asperger. Je me suis toujours refusée de cautionner ce type d’activité, même si j’adore les éléphants. Le vrai plaisir c’est de les observer en liberté dans les parcs nationaux. Là, au moins, l’argent sert la bonne cause: celle de la conservation des espèces!

3- Se faire prendre en photo avec les bébés tigres

Nous sommes allés caresser des tigres, ils y en avaient de toutes les tailles. Je n’ai pu toucher que les bébés âgés de 1 à 4 mois, ils étaient mignons. Leurs poils étaient épais et tout doux. Nous leur avons fait de gros câlins. Ils chahutaient souvent et sont venus près de moi se frotter sur mes jambes, ça m’a fait des guilis

Voici le témoignage d’un jeune touriste après sa visite au Tiger Kingdom de Chiang Mai en Thaïlande. Mais sait-il seulement ce qui se cache derrière ces « câlins » qui lui semblent inoffensifs?

Nous restons toujours en Asie (le continent n’est, il faut le dire, pas réputé pour être exemplaire dans le traitement des animaux) où une autre activité a de plus en plus la côte auprès des touristes, avec cette fois, l’interaction avec des bébés animaux, et plus exactement des bébés tigres. Là encore, pour domestiquer les animaux, on les arrache bébé à leur mère pour les enfermer dans des enclos où ils recevront quotidiennement la visite de centaine de touristes, qui vont les toucher, les gaver de lait, leur mettre des flashs d’appareil photo dans la gueule et leur provoquer le plus grand stress.

Le même sort est réservé aux tigres adultes, qui sont enchainés toute la journée sous le soleil, dans la chaleur, pour se prêter au jeu des séances photos. Un véritable traumatisme qui est parfaitement bien détaillé dans un article du journaliste américain Turner Barr qui témoigne de son expérience de 10 jours au sein du célèbre Tiger Temple (temple du tigre) , ce lieu de culte bouddhiste ( ce qui est d’autant plus choquant quand on connait le respect des bouddhistes pour les animaux) situé près de la ville de Kanchanaburi en Thaïlande. Temple qui propose aussi de nager avec les éléphants, le tout moyennant finance évidemment. Ce business des moines bouddhistes se passe de commentaires…

Le témoignage vidéo de Turner Barr

4- Visiter des fermes de tortues

Je peux témoigner de cette attraction puisque j’ai voulu aller me rendre compte par moi-même de ces soit-disant fermes pour la conservation des tortues au Sri Lanka, mais qui existent un peut partout dans le monde. Mon sentiment a été plus que mitigé. Sous couvert de protéger les espèces, on en fait une attraction touristique, sans aucun contrôle des autorités, et sans réel plan de conservation. Les « guides » qui arborent un t-shirt très officiel autorisent les touristes à toucher les pauvres tortues qui tournoient dans leurs bassins ridicules et pire, à prendre les bébés dans les mains. Les œufs de tortues sont collectées sur les plages de l’île, puis emmenés dans ces fermes, soit-disant pour éviter que les prédateurs ne les détruisent.

J’avais espoir de trouver un vrai programme de protection, mais les arguments n’ont pas été convaincants. Je ne doute pas qu’une partie des petites tortues soient relâchées, mais pour les adultes, souffrant pour la plupart d’un handicap, puisqu’elles ont été recueillies blessées et soignées (au moins ça!),  elles resteront vraisemblablement dans leurs petits bassins toute leur vie. L’ONG World Animal Protection précise aussi que le contact des tortues avec les humains, peut véhiculer des maladies mais, surtout, provoque un stress immense pour l’animal.

5- Visiter des fermes de crocodiles

Les fermes de crocodiles, toujours en Asie (Bali, Indonésie, Thaïlande, Cambodge… ) sont quant à elles aux antipode de la protection animale, pour la plupart, il s’agit purement et simplement d’élevages qui vont servir à la fabrication d’articles de maroquinerie et à la consommation. Des élevages qui lorgnent aujourd’hui aussi sur l’attirance des touristes pour le sensationnel, d’où l’ouverture de leurs portes aux visiteurs. Mais se rendre dans une de ces fermes d’élevage, c’est tout simplement promouvoir la barbarie.

Les animaux sont parqués dans des enclos surpeuplés, ils se battent, se blessent, souffrent de maladies et de manque de nourriture. Les conditions de détentions sont de la pure maltraitance et on sait comment ils finissent: tués et dépecés. Alors si c’est juste pour voir ces superbes animaux, autant attendre de les observer en liberté dans les parcs et ne surtout pas financer ce type de structures qui n’ont absolument rien à voir avec de la conservation.

6 – Visiter les plantations de café qui utilisent les civettes

C’est le café à la mode, le « caviar » des cafés: le kupi luwak ou café de civette. Ce met a la particularité d’être réalisé à base d’excréments de civette palmiste d’Asie, petit mammifère à fourrure. Son prix peut atteindre jusqu’à 1000 dollars le kilo. Un café très convoité donc, convoitise dont les animaux font une fois de plus les frais.

Les civettes (luwak) subissent en effet toutes les dérives de l’exploitation: enfermées dans des petites cages  avec d’autres congénères et gavées de cerises de caféier (dont les graines sont récupérées dans les excréments pour réaliser ce café).  Cette spécialité est typique d’Indonésie (Sumatra), des Philippines, mais elle est aussi produite au Vietnam. L’activité s’est développée à vitesse grand V. Et pour répondre à la demande de plus en plus d’animaux sont enlevés à la vie sauvage dans des conditions très discutables. De quoi alimenter aussi le trafic d’animaux. En captivité, il n’est ainsi pas rare de voir les civettes s’auto-mutiler en raison du stress qu’elles subissent. Visiter ces plantations participe donc à encourager ces pratiques qui vont à l’encontre du bien-être animal.

7- Charmer les serpents

Une des attractions touristiques avec des animaux « à sensation » par excellence, les charmeurs de serpent savent tirer parti de l’attirance des touristes pour ce type de spectacles. On en trouve dans de nombreux pays, en Asie (encore!!), mais aussi beaucoup dans les pays arabe, comme au Maroc. Sur la place Jemma-el-Fna, cette attraction avec les serpents fait fureur. Il faut savoir qu’il s’agit souvent d’espèces menacées. Il faut savoir aussi que les serpents sont sourds et n’entendent donc pas la musique. Les cobras, par exemple, qui sont généralement utilisés pour ce spectacle indigne se dressent uniquement parce qu’ils se sentent menacés. A force d’être soumis au stress, ils meurent d’épuisement.

Capturés à l’état sauvage, on arrache les crochets aux serpents pour les rendre inoffensifs. Une manipulation délicate qui peut aussi provoquer leur mort. Sans oublier les photos souvenir avec les touristes, le serpent autour du cou. Des manipulations particulièrement angoissantes pour ces pauvres reptiles qui, une fois l’attraction finie, retrouvent leur minuscule corbeille ou boite en plastique jusqu’au prochain coup de stress.

8 – Participer aux spectacles de singes « savants »

Affublés de costumes ridicules, les petits singes savants sont un spectacle hélas quotidien dans de nombreuses villes asiatiques. Amuser les touristes en faisant faire des tours à des primates, encore un exemple que l’homme est capable du pire avec des animaux.

Pour quelques pièces, l’animal enchainé à son bourreau exécute des numéros de danse pendant des heures sous les objectifs des appareils photos. L’envers du décor est toujours le même : des singes enlevés à leur milieu naturel, victime de trafics, qui sont traités comme des esclaves, maltraités quand ils ne réalisent pas leurs numéros car trop épuisés…

J’ai observé cette triste mascarade dans la ville de Galle au Sri Lanka. Le singe, un macaque à toque (une espèce endémique qui a baissé de 50% ces quarante dernières années sur l’île) vêtu d’un pantalon de clown amuse la galerie, alors que les touristes rient à tue-tête. Ce qui m’a le plus bouleversé c’est la tristesse dans son regard alors qu’il s’exécute comme un automate, résigné. Un bien triste spectacle qui n’a vraiment rien d’amusant…

9 – Marcher avec les lions

Une attraction populaire dans certains parcs d’Afrique du Sud, à l’instar du très populaire Lion Park à Johannesburg. Le principe est toujours identique: on sépare le petit lionceau de sa mère pour le jeter en pâture aux touristes, qui peuvent les manipuler comme ils veulent pour immortaliser ce moment. Biberonnés à outrance, harcelés à longueur de journée, les lionceaux doivent se prêter à ce jeu insupportable. Une fois qu’ils sont adolescents, mais pas encore assez dangereux pour exprimer leurs instincts, ils sont lâchés dans un parc où les touristes peuvent se promener aux milieu d’eux. Sensations fortes garanties mais là encore, à quel prix? Ces lions ne pourront jamais être relâchés dans leur milieu naturel. Il serviront de proie aux chasseurs de trophée ou pire encore… D’après l’étude menée par l’université d’Oxford, il est n’est pas exclu que les lions trop âgés pour poursuivre l’interaction avec les touristes, servent à alimenter le marché chinois…

 Il y a une inconnue dans l’équation. On sait que les lions adultes sont revendus, on sait qu’il y a un marché d’os de lions envoyés en Chine, on sait qu’il y a de nombreux lions qui arrivent dans les chasses closes…

Explique un des auteurs de l’étude.