Touche pas à ma corne ! L’appel des rhinocéros
Corne de rhinocéros: la tragédie d’une espèce en voie de disparition
Attention espèce en voie d’extinction! La population mondiale de rhinocéros a chuté de 98% en 40 ans. Le trafic de la corne de rhinocéros, qui vaut aujourd’hui plus cher que l’or (aux alentours de 60 000 dollars le kg de poudre), attise la convoitise des braconniers, toujours plus nombreux et mieux organisés. Un carnage au nom des vertus aphrodisiaques et médicinales que procurerait la corne de rhinocéros (composé de kératine) réduite en poudre. Ces croyances asiatiques absurdes, infondées et encore très tenaces en Chine ou au Vietnam, principaux consommateurs de cette poudre, menacent aujourd’hui toute une espèce. L’urgence est absolue et l’Afrique du Sud, qui détient 40% de la population mondiale des rhinos, a pris toute la mesure de cette tragédie. La lutte contre le braconnage commence timidement à porter ses fruits, mais le mal est bien enraciné et c’est aujourd’hui toute la communauté internationale qui doit se mobiliser. Officiellement, le commerce de la corne de rhinocéros est interdit depuis la signature du traité international pour la protection de la faune de 1977.
Lors de mon séjour en Afrique-du-Sud, je me suis intéressée de plus près au réseau Sanparks qui gère pas moins de 19 parcs nationaux, soit un total de 360 000 hectares. Outre son rôle de gestionnaire, Sanparks veille aussi à la protection des espèces et mène des missions de conservation sur l’ensemble du territoire. Cet organisme financé en partie par l’État a mis en place un véritable plan d’action pour lutter contre le braconnage en général et pour la protection du rhinocéros en particulier, devenue une cause nationale en Afrique du Sud
La corne de rhinocéros au coeur d'un vaste trafic
Car les chiffres sont sans appel. Il ne reste aujourd’hui dans le monde qu’environ 5.000 rhinocéros noirs et quelques 20.000 rhinocéros blancs, principalement en Afrique du Sud. Dans ce pays, le braconnage a fait 1215 victimes en 2014 contre 13 en 2007 (cliquez ci-contre). L’escalade est vertigineuse et incontrôlable. Le rhino est en passe de disparaître de la surface de la terre pour continuer à assouvir d’obscures croyances populaires. Le parc national Kruger, que j’ai eu la chance de visiter, a été durement touché ces dernières années par les attaques répétées de braconniers sur-entraînés, organisés en véritables organisations mafieuses qui utilisent un arsenal de guerre pour arriver à leurs fins. Les images des victimes innocentes, tuées ou mutilées, sont insoutenables, et pourtant, ce spectacle est devenu quasi quotidien. Près de 600 rhinocéros ont été tués au premier semestre 2015 en Afrique du Sud, même si une légère inflexion de cette courbe mortifère a été annoncée depuis le début de l’année 2016, qui fait suite aux différentes mesures engagées pour sauver ce magnifique mammifère.
SanParks a pour sa part mis en place une unité anti-braconnage , soutenue notamment par des sociétés internationales comme Vollkswagen et Audi, qui mettent à disposition des véhicules pour les patrouilles chargées de surveiller les parcs. Des hélicoptères sont venus récemment renforcer ce dispositif devenu quasi militaire. L’unité récolte également des fonds pour équiper et armer les rangers en charge de la surveillance des rhinocéros et de la traque des braconniers.
Les frais payés par les touristes pour visiter les parcs servent aussi financer à ce type d’actions.
Il ne faut pas oublier l’accent mis sur l’éducation des jeunes générations pour les sensibiliser à leur patrimoine naturel, là aussi SanParks s’engage auprès de la communauté scolaire tout au long de l’année.
De nombreuses réserves privées œuvrent également à leur niveau pour tenter de sauver l’espèce. Plusieurs orphelinats et sanctuaires pour rhinocéros ont ainsi vu le jour ces dernières années, tel que le centre Thula Thula financé par la fondation 30 Millions d’amis. Certaines réserves ont également pris des mesures drastiques pour protéger leurs animaux. Parmi elles, l’injection d’un poison dans la corne, qui prend alors une couleur rosée, lui ôtant ainsi toute valeur mercantile ou encore purement et simplement l’ablation de la corne, parfois remplacée par une réplique en résine. Des méthodes pour dissuader les braconniers qui peuvent faire sourire, mais qui commencent à porter leurs fruits… en attendant une hypothétique prise de conscience collective des consommateurs asiatiques. Mais ça, c’est encore une autre paire de manches.
Le tragique destin de Themba
Cette cause me tient tout particulièrement à cœur, car les rhinocéros, animaux emblématiques d’Afrique, payent aujourd’hui un très lourd tribu. Le braconnage de cet animal frappe aussi par sa cruauté sans nom.
La triste histoire de Themba et Thandi est devenue un symbole en Afrique du Sud. Les faits se sont produits en novembre 2012. Themba et Thandi, un couple de rhinocéros de la réserve de Kariega, a été retrouvé un matin baignant dans son sang. Les pauvres bêtes, encore vivantes, gisaient au sol, leur cornes arrachées. Malgré tous les efforts déployés durant plusieurs jours par les vétérinaires et notamment un veto-héros dans la lutte contre le braconnage, le Dr William Fowlds, Themba, le mâle, n’a plus supporté ses souffrances. Il a décidé de lui-même de rejoindre un petit point d’eau pour se laisser mourir par noyade. Un événement qui m’a profondément bouleversé et qui a marqué le début de mon engagement pour cette cause. Quant à Thandi, la femelle, elle a pu être sauvée, après de longs mois de soins. Elle a même récemment donné naissance à un petit rhino. Une petite note d’espoir dans ce monde de brutes…
De nombreuses associations se battent pour lutter le braconnage des rhinocéros, car c’est de cela dont il s’agit aujourd’hui. Parmi ces associations, celle que je soutien depuis plusieurs années, Save the Rhino , fait un travail remarquable pour la sauvegarde des rhinos à travers le monde. Ce post n’a rien de bien réjouissant, mais je souhaitait partager cette cause et tirer la sonnette d’alarme, car peu de gens sont conscients des conséquences dramatiques de cette tragédie, qui menace le rhinocéros de disparition d’ici une vingtaine d’année, si rien n’est fait.
[…] Nadia est aussi une blogueuse engagée. Je vous invite à lire son article sur les rhinocéros et l’exploitation de leur corne. […]
Participo en programas de protección de la naturaleza.
Enhorabuena por el post