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Hells Gate Kenya (2)

C’est un de mes blogs coup de coeur. TERRA INCOGNITA n’est pas un blog de voyage comme les autres. Derrière l’écran Adeline, soigneuse animalière, a décidé de partir faire un périple en Afrique pour prendre le pouls de la conservation et de la protection des espèces, en sillonnant notamment les parcs animaliers et les nombreuses réserves du continent africain, de Kigali à Antananarivo. Elle nous livre un beau témoignage, sans concession, qu’elle raconte au fil de son blog, avec ses humeurs, ses analyses et sa vision bien à elle. J’ai voulu en savoir plus sur cette blogueuse engagée et aventurière dans l’âme. Rencontre avec Adeline

adeline terra incognita

Adeline, peux-tu te présenter en quelques mots et nous parler un peu de ton parcours avant de faire le grand saut?

Bonjour ! J’ai 25 ans, je suis française et diplômée en soins animaliers même si je ne travaille plus dans les parcs zoologiques depuis un peu plus d’un an ! Mon parcours a été un peu chaotique et l’est toujours un peu ! J’ai fait des études de droit et de psychologie pour finalement me tourner vers une filière plus manuelle ( mais bien bouchée ! ) : le soin animalier. J’ai travaillé en tant que stagiaire dans quelques parcs zoologiques en France et j’ai fait de l’écovolontariat aux États-Unis et au Portugal, ce qui m’a vraiment permis de me sensibiliser à la conservation des espèces animales, ça a été le vecteur de mon départ en Afrique, je voulais voir comment la conservation fonctionnait sur place !

D’où te vient ton amour pour les animaux?

Le monde des parcs zoologiques ça a toujours été un rêve de gamine dont je me suis écartée pour faire dans le plus rationnel ( le droit, la psycho ) avant de rejeter ces standards là et me tourner vers mes premiers amours. Je ne vais pas dire que je suis une passionnée des premières heures, je n’avais pas des dizaines d’animaux à la maison, je n’ai pas feuilleté pendant des heures des magazines animaliers (mais je peux rester pendant des heures devant des documentaires !). Je suis plutôt une passionnée tardive de la conservation des espèces et de notre planète surtout. Au fil de mon éducation dans les parcs zoologiques et à l’étranger je me suis vraiment forgée une opinion sur tout ça et je continue d’avaler des tonnes d’informations chaque jour pour les transmettre après aux personnes qui ne prendraient pas le temps, ou qui ne l’ont juste pas, de s’informer de ces choses là qui me semblent essentielles aujourd’hui.

Orphelinat Elephant Nairobi

Comment a germé ce projet d’aller parcourir le continent africain pour dresser un état des lieux de la conservation des espèces?

Après presque 1 an à travailler dans les parcs ou à l’étranger au contact de dizaines d’espèces différentes j’ai été confronté à des situations qui m’ont fait m’interroger sur la condition animale, le comportement naturel de ces espèces aussi et puis surtout, je me suis rendue compte que la meilleure façon de parler de la conservation des espèces ce n’est pas en récitant un texte devant un parterre de spectateurs plus intéressé par ce petit saïmiri qui essaye de vous grimper dessus, que par le fait que ces animaux là et beaucoup d’autres primates sur la planète sont menacés par nous, les hommes, par notre consommation et notre façon de vivre. J’étais frustrée de me dire que je parlais de quelque chose que je ne connaissais pas vraiment, cette situation désastreuse pour certaines espèces j’en avais entendu parlé, j’ai lu des articles dessus et après ? Je ne savais pas vraiment la réalité sur place et j’étais toujours suspicieuse sur la nature des infos que je lisais. Donc je me suis dit, autant aller voir par moi-même ! Et j’ai choisi l’Afrique de l’Est, pour le côté sécure de cette partie du continent et surtout pour les possibilités de rencontrer des ONG locales qui s’occupent des animaux là bas.

Comment se prépare un tel voyage? Quelle a été la réaction de tes proches?

Quand on part pour la première fois tout est assez nébuleux. On lit les blogs voyage, on essaye de comprendre les rudiments du voyage en sac à dos, on s’intéresse à la situation politique des pays dans lesquels on passe, on arrête de dormir la nuit ou on en rêve la nuit ! Je me souviens de ma préparation comme d’un moment super intense, je pense que je n’ai jamais été aussi concentrée ou à fond dans quelque chose. J’ai lu des textes de lois de chaque pays dans lesquels je passais pour comprendre la législation concernant la faune pour avoir une base solide à mes raisonnements, j’ai regardé mes cartes pendant des heures pour savoir où j’allais passer, j’ai psychoté et vite laissé tomber le site des Affaires Étrangères qui me faisait plus peur qu’autre chose et j’ai construit tout ça sur une base plus ou moins solide avec une grosse dose de « on verra sur place ».

Le jour où j’ai décidé de partir en Afrique j’ai appelé mon père pour lui dire « Papa, j’ai un projet un peu fou, je vais partir en Afrique pendant plusieurs mois ». J’ai cette chance inouïe d’avoir un père qui me soutient pour tout, même si je partais sur la lune. L’inquiétude était forcément palpable, c’est normal, mais mes proches ont bien réagi, ont été impressionnés du choix de partir comme ça sur un coup de tête et m’ont soutenu jusqu’au bout.

Serengeti Tanzanie

Peux-tu nous parler du choix de tes destinations, qu’est ce qui a motivé cet itinéraire?

L’Afrique est un continent compliqué selon moi. Le climat politique peut changer très vite et les locaux me l’ont confirmé sur place. Je me rappelle d’une conversation avec un zanzibari qui me parlait des résultats des élections qui avaient été déclarés nuls sur l’île parce qu’ils n’allaient pas dans le sens du parti majoritaire et je me souviens de cette phrase « s’ils remettent des élections Zanzibar va se soulever, ne restez pas là à ce moment là ». Je me suis donc rendue compte au fil de mon voyage que les choix de route et d’itinéraire sont ultra importants. A la base, je voulais passer par la RDC pour aller à Kinshasa, à Lola Ya Bonobo, un centre de réhabilitation de Bonobos, mais une amie qui est une habituée du pays m’a déconseillé de faire la route entre Kinshasa et la frontière Est, le chemin est long et périlleux. L’Afrique de l’Ouest est une partie compliquée aussi, les tensions politiques m’auraient bloquées à une frontière un jour ou l’autre. J’ai donc choisi de partir en Afrique de l’Est, en évitant de remonter trop au nord vers la Somalie qui est un peu dangereuse !

Peux-tu nous parler de la démarche visit.org ambassador?

Visit.org est un site internet qui regroupe des associations locales partout dans le monde. Ces associations ont la particularité de proposer des activités avec des locaux, comme celle que j’ai fait en rencontrant des femmes qui faisaient et vendaient des paniers au Rwanda ou un centre de réhabilitation de manchots du Cap en Afrique du Sud. Tous les bénéfices de ces activités allant directement à la communauté locale pour financer l’envoi des enfants à l’école, les soins médicaux ou même l’achat d’une vache qui va donner du lait pour le village !

Quand Visit m’a contacté j’étais au Rwanda et on s’est très vite mis d’accord sur ma participation à la recherche de ces organisations. Le concept me parlait totalement et me permettait de rencontrer des locaux très facilement en plus d’apprendre pendant une journée leur façon de vivre. Mon travail avec eux est totalement bénévole du coup les obligations sont moindres, pas de rendement ou ce genre de chose, ce n’est pas une usine. Tout coïncidait avec ma vision des choses et ma façon de voyager, alors j’ai signé, sans hésiter ! Aujourd’hui j’ai pu contribuer en découvrant 2 nouvelles organisations : Red Rocks au Rwanda et Upendo à Zanzibar et en en visitant d’autres déjà présentes sur le site comme Peace Matunda en Tanzanie ou SANCCOB en Afrique du Sud.

Red Rocks Visit Rwanda

Si tu pouvais citer un meilleur souvenir de ce voyage, lequel serait-il?

Je cite souvent le Serengeti comme l’un de mes meilleurs souvenirs de voyage. J’ai eu la chance de voir la migration des gnous, qui est sûrement l’une des choses la plus fantastique que j’ai vu de ma vie. Mais il y a aussi des moments plus simples qui me resteront toujours en mémoire, comme ces enfants avec qui on jouait dans les bus en attendant de partir ou ceux qui nous suivaient dans les monts de Kilembe en Ouganda et avec qui on essayait de parler. Les petits moments comme ça sont les meilleurs.

Et ta pire expérience?

Ce qui est bien quand on rentre de voyage c’est qu’on oublie vite les mauvaises expériences ! Et on se rappelle de tout avec le sourire un peu comme le dit l’adage « plus tard on en rira ». Si je devais citer un moment horrible ou des moments horribles pour faire dans la généralisation ça serait les moments en minibus ! On a attendu une fois 6h que notre bus parte d’une petite ville du Kenya pour nous amener à 3h de là ! C’était infernal mais ça a été atténué par les locaux avec qui j’ai pu échanger et rire !

Avec quelles ONG et associations as-tu été en contact sur place? Quelles difficultés rencontrent-elles?

La recherche d’ONG a été très compliqué. Les dizaines et dizaines de mails que j’ai envoyé sont restés souvent sans réponse et je me suis en fait vite rendue compte que je ne ciblais pas les bonnes personnes. On a souvent tendance à commencer par rechercher auprès des grosses ONG qui ont des branches dans différents pays, mais je me suis vite rendue compte que pour eux, mon mail n’était qu’un grain de sable dans l’immensité de la plage ! Donc je me suis tournée vers des ONG plus modestes ou locales et là j’ai eu plus de chance. J’ai reçu une réponse de Gorilla qui est une ONG française qui œuvre pour les Gorilles des montagnes au Rwanda, Fabrice, le directeur de l’association, m’a donné une réponse qui m’a purement et simplement vendu du rêve puisqu’il m’a offert la possibilité de participer à une conférence sur la conservation au Rwanda au nom de l’association, puis de participer à une cérémonie à nouveau au nom de l’association. C’était irréel et je ne le remercierai jamais assez pour cette chance qui m’a mis dans le bain dès mes premiers jours en Afrique et qui m’a permis de me rendre compte de la totale politisation de la conservation des Gorilles dans le pays. J’ai aussi eu la chance de rencontrer la directrice de l’association Chimpanzee Trust en Ouganda et de visiter Ngamba Island qui récupère des chimpanzés qui étaient dans les cirques ou chez des particuliers. Avec eux, j’ai pu apprendre que si le projet, à terme, était de remettre ces chimpanzés dans la Nature, la difficulté était le manque de fond pour trouver l’endroit pour les réintroduire. Les recherches avaient dû être stoppées pour manque de fond, alors qu’elles touchaient presque à leur fin et l’association attendait des fonds ou des chercheurs bénévoles pour reprendre les recherches.

Ce problème d’argent est récurrent dans la conservation des espèces en Afrique mais il y a aussi le contraire, le trop d’argent et sa mauvaise utilisation que j’ai pu voir en Afrique du Sud où on exploite complétement la faune sous couvert de conservation mais qu’on voit toujours les rhinocéros être bizarrement décimés dans le pays. On a un peu tout et son contraire sur le continent. J’avais heureusement pu rencontrer des associations, comme Ziwa Rhino Sanctuary en Ouganda, qui œuvre pour le retour des rhinocéros dans le pays, qui se portent assez bien et qui projettent d’ici quelques années de remettre en liberté les premiers rhinocéros du pays.

UWEC Ouganda

La conservation des espèces varie d’un pays à l’autre, globalement quel a été ton constat à l’issue de ce voyage?

Avec le recul d’un mois mon constat est assez négatif quand je regarde les programmes de conservation que j’appellerai « publics ». Tout ce que les gouvernements font ou en tout cas tout ce que j’ai vu qu’ils faisaient n’est pas motivé pour les bonnes raisons. L’argent motive, la conservation pure et simple pas vraiment. Du coup on se retrouve avec des gouvernements comme au Rwanda, qui essaye de créer (ou plutôt de recréer) un parc avec une faune qui habitait là avant mais dans une structure deux fois plus petite qu’à son origine ! On voit en Tanzanie un gouvernement qui transpire la corruption et qui vire purement et simplement les conservationnistes du pays s’ils en parlent ! On voit à Madagascar des forêts rasées, des lémuriens braconnés et des programmes de conservation qui peinent à garder la tête hors de l’eau, parce que le gouvernement les tire dans le sens contraire. Je suis admirative de ces associations privées qui se battent contre vents et marées contre ces gouvernements gangrénés par l’argent et qui arrivent à mettre en place des structures qui tiennent le coup et qui font réellement la différence. Au final, si je devais quand même parler du positif dans cette histoire je ne parlerai que du Kenya qui se bat réellement et qui garde une ligne de conduite ferme, même si on déplore vraiment l’énorme transit d’ivoire qui passe sur les côtes kenyannes.

De retour en France, j’imagine que l’heure est au bilan. Vas-tu donner une suite à cette aventure? Quels sont tes projets?

Je vais forcément donner une suite au voyage, pas forcément en Afrique, mais je sais qu’à chaque voyage que je ferais je continuerai à informer sur la conservation des espèces et sur les activités en adéquation avec ce sujet ! Mais de retour en France j’ai aussi envie de m’investir plus dans la conservation des espèces de notre territoire, on l’oublie souvent, mais nous aussi on a des espèces fabuleuses chez nous et on détruit leur habitat et on continue à les chasser sous prétexte que certaines personnes ( les bergers sans les citer, par exemple ) râlent de voir que ces animaux sont « nuisibles ». Je me rends compte qu’on a oublié comment vivre avec notre propre faune en Europe et j’aimerais me concentrer sur ça.

Ton blog la-terra-incognita.com retrace ton expérience en terre africaine. A qui s’adresse ce blog et quels sont ses objectifs?

Mon blog s’adresse aux gens qui veulent découvrir l’Afrique, à ceux qui veulent voyager responsable, à ceux qui aiment la Nature ! J’ai longtemps hésité à faire un blog voyage type où je parle d’absolument tout ce que je fais et j’ai au final préféré me concentrer vraiment sur ce que je voyais en matière de conservation des espèces pour permettre aux gens qui sont sensibles à cette cause de pouvoir voyager et découvrir des endroits ou des activités qu’ils n’auraient pas forcément fait autrement et surtout en sachant que le prix payé pour ces activités va directement à la cause. Mon objectif est aussi de sensibiliser les gens sur la sauvegarde des espèces et sur tout ce qui y est relatif pour moi comme quand j’ai parlé des zoos qui ne sont pas une abomination pour moi mais parfois un mal nécessaire pour réparer nos bêtises. Je lis beaucoup, j’échange beaucoup sur ces sujets et je veux créer des débats et des réactions. Je ne suis pas une activiste extrémiste, j’ai plutôt envie de me voir comme une pédagogue passionnée, j’ai cette envie d’éveiller un peu les consciences et de permettre aux gens de comprendre qu’en changeant sensiblement son mode de vie on peut sauver des animaux et la planète comme en arrêtant de manger de l’huile de palme ! Quand on me dit « je fais plus attention à ce que je prends depuis que tu m’en as parlé » pour moi c’est déjà une énorme victoire.

Hells Gate Kenya

4 Comments

  1. Très bel article, je découvre ce blog que je vais aller voir très vite !

  2. Super! Je ne connaissais pas son blog, mais son parcours est super inspirant. Je vais aller le découvrir sur le champ :)
    Rachel – Blog voyage Découverte Monde Articles récents…La Havane : Que faire, voir et visiter dans la capitale de CubaMy Profile

  3. Yeah, merci Nadia pour la découverte de ce blog, je suis trop fan de son aventure, j’ai lu plein d’articles, ça fait rêver !!! Beaucoup d’articles décrivent très bien les conditions des animaux (souvent choquantes malheureusement, c’est assez désespérant…) dans certains parcs. J’espère vraiment que cela finira par sensibiliser les bonnes personnes pour améliorer les conditions de nos petits potes quadrupèdes. Merci pour la belle découverte, dans tous les cas 😀 ps: t’as un peu refais la présentation de ton blog non ? C’est trop joli !!! ;D

    • Merci miss! Oui ce blog vaut vraiment le détour, j’aime beaucoup ses témoignages qui reflètent vraiment son vécu… Heureuse d’avoir pu te le faire découvrir… A très vite Miss Storiz 😉

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